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Forte ébullition avant fusion

5 FÉVRIER, AU DÉPÔT

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Etienne est pensif en cette fin de matinée. Depuis deux jours, le conseil d'administration de sa coopérative a annoncé une fusion avec leur concurrente de toujours. Le secteur qu'il couvre est également sur le territoire de l'autre coopérative. Et cette situation l'interpelle. « Je vais peut-être devoir changer de secteur. Dommage, je commençais à lancer des projets intéressants avec quelques adhérents. »

La sonnerie de son mobile le tire de ses pensées. « Bonjour Etienne, c'est Bernard de la Basse Chèvrerie. T'es au courant que la coop va se marier avec vos concurrents ? C'est quoi cette histoire ? Je ne veux pas travailler avec ces bandits. » L'agriculteur quinquagénaire ne mâche pas ses mots. Il faut dire aussi que durant trois décennies, la coop voisine était pointée du doigt comme étant l'ennemi juré. « Et bien, je suis comme toi… Je viens de l'apprendre et je me pose des tas de questions. Je ne sais pas où l'on va. » Etienne n'est pas satisfait de sa réponse sentant que ce fidèle adhérent va rester sur sa faim. « Si tu ne sais pas où tu vas alors que tu y bosses, comment veux-tu que nous le sachions. Je m'attends au pire vu comment ils gèrent leur boutique en face. Je vais contacter mon voisin qui est au conseil. » Bernard raccroche passablement énervé.

Un peu plus tard, le technico-commercial retrouve Jean-Marie dans le Lisa de son dépôt. « Tu dois connaître la nouvelle Etienne. Tu aurais pu nous avertir avant. Vous êtes bien contents de nous trouver depuis trente ans pour vos mortes-saisons. Mais quand il y a une info importante, on est les derniers avertis. » Levant la voix, l'éleveur du Gaec Les Moulins rajoute : « Et si cela se trouve, ils vont fermer ce dépôt et il va falloir faire 20 km pour aller chercher un bidon. Ils sont connus pour ne chercher que la rentabilité, les gars de l'autre coop. » De plus en plus mal à l'aise, Etienne tripote nerveusement son agenda tout en maugréant intérieurement après son chef qui ne les a pas mieux briefés sur ce rapprochement. « Je vais tâcher d'en savoir plus et je vous en reparle. Au fait, je voulais te voir pour ton projet de jachère mellifère. » Un sourcil levé, faisant la moue, Jean-Marie rétorque : « Je ne suis plus trop motivé là. Je te redirai cela. Et puis, je veux des garanties sur ce qui nous attend. »

Hélène Laurandel

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